célébrités Belges

Albert Pol Oscar Ghislain Âge : 92 ans19262018

Nom
Albert Pol Oscar Ghislain
Prénom(s)
Albert Pol Oscar Ghislain
Nom de famille
@N.N. (Frère)
Naissance 1926
Président de la République Française 13 juin 1931 (Âge 5 ans)

Note : Paul Doumer
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Président de la République Française 10 mai 1932 (Âge 6 ans)

Note : Albert Lebrun
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Front populaire 3 mai 1936 (Âge 10 ans)

Note : Victoire du Peuple (http://fr.wikipedia.org/wiki/Front_populaire_%28France%29)
Guerre civile 17 juillet 1936 (Âge 10 ans)

Note : Guerre civile d'Espagne (http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d%27Espagne)
événement 3 septembre 1939 (Âge 13 ans)

Note : Début de la Seconde Guerre Mondiale
Régime politique 11 juillet 1940 (Âge 14 ans)

Note : Gouvernement de Vichy
Régime politique 2 juin 1944 (Âge 18 ans)

Note : Gouvernement Provisoire de la République Française
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événement 8 mai 1945 (Âge 19 ans)

Note : Fin de la Seconde Guerre Mondiale
Régime politique 24 octobre 1946 (Âge 20 ans)

Note : IVe République
Président de la République Française 16 janvier 1947 (Âge 21 ans)

Note : Vincent Auriol
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Président de la République Française 16 janvier 1954 (Âge 28 ans)

Note : René Coty
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Régime politique 5 octobre 1958 (Âge 32 ans)

Note : Ve République
Président de la République Française 8 janvier 1959 (Âge 33 ans)

Note : Charles de Gaulle
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Président de la République Française 20 juin 1969 (Âge 43 ans)

Note : Georges Pompidou
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Président de la République Française 27 mai 1974 (Âge 48 ans)

Note : Valéry Giscard d'Estaing
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Président de la République Française 21 mai 1981 (Âge 55 ans)

Note : François Mitterrand
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Président de la République Française 17 mai 1995 (Âge 69 ans)

Note : Jacques Chirac
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Président de la République Française 16 mai 2007 (Âge 81 ans)

Note : Nicolas Sarkozy
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Président de la République Française 16 mai 2012 (Âge 86 ans)

Note : François Hollande
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Terrorisme en Françe 7 janvier 2015 (Âge 89 ans)

Note : Attentat contre le journal Charlie Hebdo à Paris: 12 morts
Terrorisme en Françe 11 janvier 2015 (Âge 89 ans)

Note : Manifestation unitaire à Paris en réaction aux attentas et pour la liberté de la presse
Décès 2018 (Âge 92 ans)

Note

1 - Selon le magazine américain Forbes, Albert Frère était la 281e fortune mondiale avec un patrimoine estimé à 5,8 milliards de dollars. Frere_albert_1926_tableau_.jpg Le milliardaire belge, qui laisse derrière lui une épouse et deux enfants, avait préparé sa succession de longue date. Mais des questions demeurent sur les futurs équilibres capitalistiques.

De fait, le patriarche belge s'était préparé à cette échéance. En 2012, il avait prolongé jusqu'en 2029 la convention qui le liait à Power Corporation du Canada, le groupe de la famille Desmarais, à travers leur société commune Pargesa Holding S.A, qui contrôle elle-même 51,8 % de GBL. La même année, son gendre Ian Gallienne et Gérard Lamarche, ancien directeur financier d'Engie, dont Albert Frère a accompagné le développement, prenaient les commandes opérationnelles en devenant tous deux administrateurs délégués.

Outre son épouse Christine, deux personnes sont en première ligne : son fils Gérald Frère (67 ans), président du conseil d'administration de GBL depuis 2012, et sa fille Ségolène (41 ans), administratrice depuis 2015 et épouse de Ian Gallienne, avec lequel elle a quatre enfants. Selon toute vraisemblance, le milliardaire a procédé à une donation permettant de régler les droits de succession avant sa disparition. C'est en tout cas ce qui est d'usage pour ce genre de fortunes familiales en France.

A ces questions s'ajoutent celle de la gouvernance, qui pourrait évoluer un jour pour faire davantage de place aux plus jeunes générations. Outre Ségolène Gallienne, Cédric Frère (34 ans), le fils de Gérald et petit-fils d'Albert, est aussi appelé à assumer un rôle plus important. Ex-banquier chez Goldman Sachs à Paris, il est administrateur de GBL depuis 2015. Alors que le holding a déjà engagé un recentrage, en se désengageant de Total ou en sortant d'Engie, ces questions pourraient avoir un impact sur le portefeuille de participations .

Thibaut Madelin pour https://www.lesechos.fr Sommaire 1 - Selon le magazine américain Forbes, Albert Frère était la 281e fortune mondiale avec un patrimoine estimé à 5,8 milliards de dollars. 2 - Biographie 2.1 - Fonctions et mandats sociaux 3 - L'infatigable homme d'actions 3.1 - Une direction siamoise 3.2 - Se sentir incontournable 3.3 - D'utiles liens avec le pouvoir 3.4 - Lire ses dossiers tout en pédalant 4 - Albert Frère est décédé : le «parrain» belge du CAC 40 n'a plus cours 4.1 - Le milliardaire, Albert Frère, est décédé âgé de 92 ans 4.2 - Albert Frère a quitté à tout jamais la scène des marchés financiers. 4.2.1 - Des petits clous à GBL 4.2.2 - L’ère GBL 4.2.3 - Vision paneuropéenne 4.2.4 - "Je ne grimpe pas par la fenêtre"

2 - Biographie Albert Frère fait, dès l'âge de 30 ans, l'acquisition d'entreprises actives dans la sidérurgie wallonne, en particulier dans la région de Charleroi. Dès la fin des années 1940, il construit les bases de sa fortune sur le commerce de l’acier, puis sur la sidérurgie et particulièrement CARLAM.

Notamment, Albert Frère vendit de l'acier dans les pays communistes après la guerre de Corée, profitant des prix élevés et de la pénurie, selon son biographe José-Alain Fralon. Lorsque s'est annoncée dès la fin des années 1970 la crise de l'acier, il vendit ses entreprises sidérurgiques à l'État belge (notamment Cockerill).

Après l’acier, il réinvestit alors le capital libéré en s'intéressant à la banque, l’assurance, l’énergie, les médias... Il crée en 1981, avec l'aide du financier canadien Paul Desmarais, le holding suisse Pargesa, profitant du chaos créé par les nationalisations du Gouvernement socialiste de Pierre Mauroy.

Albert Frère achète en 1982 le Groupe Bruxelles Lambert (GBL). GBL est en 2005 détenteur de participations dans Bertelsmann (à hauteur de 25,1 %) qu'il va vendre le 1er juillet 2006 pour 4,5 milliards d'euros, la compagnie pétrolière Total (à hauteur de 4 %, via ses participations premières dans Petrofina), le groupe financier et industriel Suez (à hauteur de 7,2 % ; 8,3 % en 2006), le groupe de matériaux Imérys (à hauteur de 30,7 %) et le cimentier Lafarge (21,1 %), dans lequel sa participation monte sensiblement depuis la fin de 2005. Entre 1986 et l'été 2004, il a pris, via sa société CNP, le contrôle des éditions Dupuis, depuis revendues au groupe Média-Participations.

En 2007, la fortune d'Albert Frère était estimée à 3,1 milliards d'euros. Frère est le seul Belge présent dans la liste des personnalités les plus riches du monde, établie par le magazine Forbes. Fin 2005, il rachète le groupe de restauration Flo à Jean-Paul Bucher, mais cède Quick en 2007.

Très influent dans les cénacles de la finance parisienne, le baron Frère, qui se partage entre Paris et Gerpinnes, cultive aussi un goût éclectique pour les œuvres d’art et les grands crus (voir le Château Cheval Blanc).

2.1 - Fonctions et mandats sociaux Albert Frère est ou a été :

Régent honoraire de la Banque Nationale de Belgique Président du conseil d'administration du groupe Bruxelles Lambert, de ERBE, de Frère-Bourgeois, de la Financière de la Sambre, de FINGEN SA, de Stichting Administratiekantoor Frère-Bourgeois (Pays-Bas), de Pétrofina. Vice-président du conseil d'administration de Pargesa Holding Président du conseil de surveillance de M6 Président honoraire de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Charleroi Administrateur de LVMH, Château Cheval Blanc, Raspail Investissements, Gruppo Banca Leonardo (Italie), Suez Membre du conseil de Assicurazioni Generali SPA

http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Fr%C3%A8re

3 - L'infatigable homme d'actions C'est le baron le plus célèbre de Belgique, l'un des financiers les plus influents et les plus riches d'Europe. Tout est prêt pour sa succession, mais, à 75 ans, ce capitaliste pur sucre reste, plus que jamais, aux commandes.

Ce matin-là, son domicile parisien de l'avenue Foch a pris l'allure d'un cabinet de consultation. Un vrai défilé! C'est presque toujours ainsi lorsque Albert Frère est de passage dans la capitale. Il est à peine 11 heures que, déjà, le plus français des hommes d'affaires belges achève son troisième rendez-vous. Alain Minc, le confident des puissants, vient de prendre congé. Frère s'esquive alors pour aller se changer - photographe de L'Express oblige. Le salon, lambrissé, est chargé de bibelots, d'horloges, de lampes et de chandeliers. Pas moins de 11 tableaux - pour la plupart, des Vénitiens du XVIIIe siècle - couvrent les murs. De lourds rideaux rouge grenat, retenus par des embrasses torsadées, encadrent les portes-fenêtres donnant sur les terrasses. Atmosphère feutrée.

Le maître des lieux est de retour: il a troqué sa chemise sport à carreaux contre un superbe costume bleu. L'entretien peut commencer. Ou plutôt la conversation. Car les questions, exigées au préalable, ont déjà reçu réponse la veille, par écrit! Albert Frère est ainsi: il n'aime pas, dit-il, «l'improvisation». Mais ne voyez là aucun signe de méfiance de la part de ce bon vivant de 75 ans, au teint fleuri, tout en rondeur, jovial et d'une exquise courtoisie. Pour un peu, même, après quelques phrases échangées, on serait presque tenté de jouer les Karl Zéro en l'appelant par son prénom et en le tutoyant...

rreur grossière! Cet homme est le baron le plus célèbre de Belgique. L'un des financiers les plus influents et les plus riches d'Europe. Ceux qui n'ont vu en lui qu'un personnage rabelaisien s'en mordent encore les doigts. Certains, mieux inspirés, le comparent à Warren Buffett, le boursier le plus fameux de Wall Street. Mais ce Buster Keaton des marchés ne ressemble guère à notre hôte. Un autre lui trouve un faux air de feu Jean-Marc Vernes... qui aurait réussi.

Et si Albert Frère était tout simplement unique? Sa fortune, pourtant coquette - voilà deux ans, le magazine Forbes l'estimait déjà à plus de 11 milliards de francs - est sans commune mesure avec sa sphère d'influence. Ce Belge-là est un réseau à lui tout seul! Il connaît le gotha des affaires et de la politique en Europe, et son agenda permet de joindre, sur les quatre autres continents, quelques-unes des plus grosses pointures de la planète. Un coup d'oeil sur l'organigramme - simplifié - de son groupe permet de prendre la dimension de ce capitaliste pur sucre. Tout comme la liste de ses mandats: régent honoraire de la Banque nationale de Belgique, président du conseil d'administration de Petrofina, vice-président de TotalFinaElf et de Suez, administrateur de LVMH, membre du comité international de Generali, etc.

Ces dernières années, la rumeur a cependant enflé: Albert est en train de mettre de l'ordre dans ses affaires. Le baron a, de fait, allégé ses structures de contrôle - une impressionnante cascade de holdings. Il a aussi cédé ses dernières participations financières et, surtout, abandonné des positions dominantes dans quelques fleurons belges pour des intérêts minoritaires dans des entreprises plus importantes. Au point d'y gagner, outre-Quiévrain, une réputation fâcheuse de «bradeur» de la richesse nationale. Mais rendant, par là même, son patrimoine plus liquide et donc plus facilement négociable. Il n'en fallait pas davantage pour que le landerneau des affaires voie dans ce remue-ménage les prémices d'une succession. Un prochain passage de témoin. En mai 1999, après le décès, à 19 ans, de son fils cadet, Charles-Albert, dans un accident d'auto, certains augures affirmaient même, l'air entendu, qu'Albert souhaitait prendre du champ. Si l'homme a été, selon le mot d'un proche, «transpercé» par ce drame, il semble que les présages formulés à cette époque aient été pour le moins farfelus. La question de sa succession l'agace même. Voilà près de dix ans, son fils aîné, Gérald, 50 ans aujourd'hui, avait lancé, en guise de boutade, que son père et lui se retireraient ensemble... Il ne croyait peut-être pas si bien dire!

3.1 - Une direction siamoise Le groupe a pourtant subi une profonde mutation. Mais qui traduit plutôt son adaptation à la conjoncture et à la mondialisation. Ainsi, les 40% détenus dans le pétrolier belge et champion national Petrofina ont été échangés contre une participation de 9% lors de la fusion avec Total. Et, depuis le rapprochement avec Elf, ce pourcentage est tombé à 4,3%. Une part dix fois moins importante! Oui, mais d'un mastodonte qui pèse, en Bourse, quelque 127 milliards d'euros... Commentaire de Frère: «Là où les analystes voient de grands bouleversements, nous vivons une vraie continuité dans notre stratégie.» «Il n'aurait pas agi autrement s'il avait eu 40 ou 50 ans», confirme un observateur belge. En homme méthodique, voilà belle lurette qu'Albert Frère a, cependant, pris ses dispositions. «Tout est prêt pour l'après», selon la formule d'un ami. Depuis une vingtaine d'années, un administratiekantoor, sous la forme d'une fondation de droit néerlandais, assure le contrôle de Frère-Bourgeois, la société faîtière du groupe. Ce dispositif juridique, à la manière d'un conseil de surveillance et d'un directoire, permet de séparer représentants des actionnaires et gestionnaires, et de maintenir, à l'avenir, le groupe familial entre les mains des héritiers. En l'occurrence, Christine Hennuy, la seconde épouse d'Albert Frère, Gérald, déjà évoqué, né d'un premier mariage, et Ségolène, 24 ans.

La jeune femme a préféré faire ses armes en dehors du groupe, chez Belgacom, l'opérateur public de télécommunications, que préside John Goossens, l'un des partenaires d'Albert au golf. D'ores et déjà, elle siège néanmoins au conseil d'administration de deux des holdings familiaux, Erbe et la Compagnie nationale à portefeuille, et de Joseph, l'une des nombreuses sociétés de la nébuleuse Frère, spécialisée dans la création et la distribution de prêt-à-porter de luxe. Gérald, quant à lui, est complètement impliqué, au côté de son père, dans la gestion opérationnelle du groupe, qu'il a rejoint dès 1972. Ségolène et Gérald sont, en outre, membres du conseil de la fondation qui porte le nom de leur frère disparu, créée à l'initiative de la famille et dont s'occupe Mme Frère. Cette institution vise, notamment, à aider les handicapés physiques ou mentaux, ainsi que les enfants autistes, par l'hippothérapie. Béatrice, la femme de Gérald, pratique cette technique de soin qui fait appel aux chevaux.

Albert Frère est entouré également d'une «garde rapprochée». Tous des fidèles. Gilles Samyn et Thierry De Rudder sont ses principaux lieutenants. Le premier s'occupe des terres d'en haut, autrement dit des holdings familiaux, tandis que le second (et beau-frère de Gérald) se charge de suivre les grandes participations. Il faut aussi compter avec Michel Loir, le trésorier et le trader en actions, avec qui Frère a des contacts quotidiens, quel que soit l'endroit où il se trouve; et encore Victor Delloye, le juriste de la bande; sans oublier l'indispensable Anne Dimillo, la secrétaire du patron depuis vingt ans. Enfin, il y a l'incontournable Pierre Van Ommeslaghe. Cet avocat d'affaires de renom, professeur à l'Université libre de Bruxelles, n'est pas un collaborateur à proprement parler. Ami de longue date de la famille (Charles-Albert était son filleul), membre du conseil de l'administratiekantoor, il joue depuis toujours le rôle du sage.

«Tout est prêt pour l'après»... Ce petit monde devra composer avec les partenaires historiques de l'homme d'affaires: le français BNP Paribas - la banque détient des intérêts importants à plusieurs étages de la maison - et surtout le Québécois Paul Desmarais, 74 ans, le complice. Le double d'Albert. Lorsqu'on évoque «l'empire Frère», il faut toujours, en effet, avoir présent à l'esprit qu'une large partie de ses «propriétés» - les participations dans TotalFinaElf, Suez, Bertelsmann, celles détenues par le holding GBL - appartiennent pour moitié au Canadien. Les deux hommes se sont rencontrés en 1978, au conseil de Paribas. Depuis, ils ne se sont plus quittés. Ils se sont même liés par une convention qui unit leur destin jusqu'en... 2014, et forment une direction siamoise, un tandem unique dans le monde des affaires. Mais l'attelage n'est pas si incongru, tant Albert et Paul ont de points communs. Tous deux sont autodidactes, d'origine simple et cultivent la religion du profit. Ce sont aussi, dans leur genre, des «minoritaires»: le Wallon en Belgique, le francophone au Canada. Si Frère, élève médiocre, a dû quitter l'école pour aider sa mère à gérer l'atelier de chaînes et de clous, Desmarais s'est lancé en reprenant une petite société de bus, criblée de dettes. Aujourd'hui, sa firme, Power Corp, qu'il gère avec ses deux fils, Paul Jr et André, est l'un des principaux groupes financiers nord-américains.

La comparaison s'arrête là. Car, si Frère partage une partie de ses richesses avec son compagnon de route, la réciproque n'est pas vraie... De quoi alimenter quelques rumeurs de plus pour l'avenir, même si, par chance, les nouvelles générations - Gérald est le parrain d'un des enfants de Paul Jr - s'entendent, aussi, fort bien. «Quoi qu'il en soit, tel quel, son groupe ne pourra pas lui survivre, tranche un grand banquier, proche du Belge. Tout simplement parce que c'est Albert Frère qui en est le véritable animateur. L'âme des coups.»

3.2 - Se sentir incontournable Pour l'heure, l' «animateur» se porte comme un charme. Il paraît même plus actif que jamais. «Dans ma vie professionnelle, s'amuse-t-il, j'ai eu trois périodes... comme le peintre.» Reprenons. Il est né le 4 février 1926, à Fontaine-l'Evêque, de l'autre côté de la Sambre. Son père et sa mère, Oscar et Madeleine, dirigent alors une entreprise modeste - la maison Frère-Bourgeois - spécialisée dans la fabrication d'articles de ferronnerie. Milieu petit-bourgeois. Quelques années après le décès prématuré de son père, le jeune Albert se consacre à la relance de la firme familiale et bâtit une société de commercialisation de l'acier, alors même que la demande explose sur fond de guerre de Corée. Dès 1954, le commerçant se fait aussi industriel. A 28 ans, il entre dans le club très fermé des maîtres de forges en rachetant les Laminoirs du Ruau à l'Arbed, alors l'un des plus puissants groupes luxembourgeois.

Albert Frère s'en souvient comme si c'était hier. Et pour cause: ce fut son premier investissement en Bourse! «J'avais déjà ramassé un paquet d'actions, raconte-t-il, et j'ai eu le toupet de demander à voir le directeur, Léopold Bouvier. Il m'a écouté et m'a dit: ?Ce problème me dépasse. Allons chez le président...?» Vingt-cinq ans plus tard, Albert dominera toute la sidérurgie wallonne. Il a alors, selon la formule de Jean Gandois, ancien président du groupe Cockerill Sambre, «un contact aussi intime avec l'acier qu'un paysan avec son champ». Il est déjà, surtout, riche et célèbre. Nombreux auraient choisi de passer la main. Lui cède ses activités industrielles au prix fort et s'investit dans la finance. En route pour une troisième vie! Jalonnée, depuis vingt ans, par une série d'opérations souvent spectaculaires, comme la prise de contrôle du Groupe Bruxelles Lambert - l'un des fiefs de l'aristocratie belge et l'un des holdings les mieux dotés du royaume, qui lui ouvrira les portes de Petrofina et, dans l'audiovisuel, celles de la CLT, la maison mère de RTL.

Aujourd'hui, le milliardaire est au sommet de son art. Il se définit comme un «actionnaire professionnel». Ce n'est pas un chef d'entreprise ni un bâtisseur. D'ailleurs, même lorsqu'il détenait des positions majoritaires, il déléguait un responsable. Non, ce qu'Albert Frère, en homme d'influence, aime par-dessus tout, c'est se sentir incontournable. N'hésitant pas à jouer les entremetteurs. Lorsque Jean Peyrelevade est nommé, en 1993, à la présidence du Crédit lyonnais, il invite le banquier à déjeuner avec Karel Van Miert, le commissaire européen à la Concurrence, alors en pleine partie de bras de fer avec l'établissement financier. Il sait aussi défendre son point de vue. Navré de voir son ami Philippe Bouvard débarqué de RTL, il exige le retour de l'animateur des Grosses Têtes. Et ainsi de suite... Tout cela lui permettant de tisser sa toile, de valoriser toujours plus à terme ses positions et d'arrondir, comme il dit, sa «galette».

Ce négociateur n'a pas son pareil, en effet, pour faire monter les enchères. «C'est un visionnaire, commente Amaury-Daniel de Seze, membre du comité exécutif de BNP Paribas. Il anticipe les mouvements puis arrête le choix idéal du timing pour acheter et vendre.» D'aucuns estiment qu'il a le tempérament d'un banquier d'affaires. «Vous savez, quand j'ai une idée, je dois tout de suite m'en ouvrir à un ami ou à un collaborateur.» Combien de fois le patron a-t-il réveillé, le dimanche matin, ses plus proches lieutenants? Le lendemain, pour s'excuser, il fait porter à leurs épouses une boîte de chocolats. Le font-ils parfois changer d'avis? «Rarement, reconnaît Frère, tout sourire, mais je ne suis pas têtu. Et puis, eux aussi me proposent des suggestions!» Ce sont ses équipes elles-mêmes, en tout cas, qui ficellent les dossiers. «Antoine Bernheim [de chez Lazard] me dit toujours: ?S'il n'y avait que des gens comme toi, je n'aurais pas un seul client.»

3.3 - D'utiles liens avec le pouvoir Albert Frère prend toujours le temps de la réflexion avant d'agir. Il déteste qu'on lui force la main. Mais, lorsqu'il a pris sa décision, plus rien ne paraît pouvoir l'arrêter. Il fonce avec d'autant plus de conviction qu'il est libre. Aujourd'hui comme hier. Un jour, rapporte son biographe, José-Alain Fralon, alors qu'il était violemment pris à partie par un groupe de sidérurgistes, il se tourna vers un syndicaliste et lui lança en patois: «Tcholte bé, m'fi, c'est m'galette à mi, dji fé c'qui d'j'vou avou» (Ecoute, fils, c'est mon fric et j'en fais ce que je veux).

L'argent, le savoir-faire, l'envie d'en découdre et... des relations. Beaucoup de relations. Elles sont au coeur, s'il y en a une, de la «méthode Frère». Il les soigne comme un jardinier ses roses. Avec ce qu'il faut d'opportunisme et de sens tactique, mais aussi par inclination. Albert Frère aime ainsi recevoir dans l'un de ses nombreux lieux de villégiature ou de résidence, où il mêle affaires et amitiés. Comme à Courchevel, un week-end de mars dernier. Jean-Marie Messier, Jean-Luc Lagardère, Paul Desmarais Jr et Thomas Middelhoff (le patron de Bertelsmann), ainsi que leurs épouses, ont eu l'occasion, cette fois, de se livrer à une dégustation verticale de grands crus du bordelais. «Mais nous n'avons clinché aucun deal», jure Albert Frère.

A Saint-Tropez, les convives s'adonnent plutôt au tennis, où ils peuvent croiser un autre Nordiste, un «ami de plus de vingt ans» du Belge, Bernard Arnault - venu en voisin - dont le fils cadet, Jean, est le filleul de Christine Frère. A Knokke-le-Zoute, place au golf! Un sport auquel Frère s'est mis tardivement, mais avec l'ardeur qui le caractérise chaque fois qu'il entreprend quelque chose de nouveau. On l'a vu «pousser l'inconscience», selon son expression, jusqu'à participer à un Pro-Am (professionnel-amateur) au côté de Colin Montgomerie - le Tiger Woods écossais. Et puis il y a encore, pour les chanceux, la Peupleraie, la propriété de Gerpinnes, près de Charleroi - l' «omphalos» de la famille Frère. Un manoir planté au milieu de 300 hectares de bois qui abrite le saint des saints du milliardaire: sa cave. «Sans doute l'une des plus belles caves privées d'Europe», s'extasie Philippe Bouvard, qui se rappelle y avoir bu «des crus inouïs, en particulier les meilleurs petrus». Albert Frère, propriétaire notamment, avec Arnault, du château Cheval-Blanc - «une pépite» - y chemine dans les allées, presque chaque dimanche après-midi...

«C'est le plus fameux public relations que je connaisse», conclut un industriel. Volontiers mondain, le Carolo est également membre de plusieurs clubs, comme le Cercle gaulois et le Cercle de Lorraine, à Bruxelles, ou le Jockey et le Polo, à Paris. Dans la capitale française, il fréquente aussi le Club des Cent, où il a fait entrer Paul Desmarais et où il retrouve de vieux compères, comme le duc Jean de Luynes et l'avocat Paul Lombard. Cet entregent, l'homme d'affaires l'exerce aussi à l'égard des politiques. Il a toujours noué d'utiles liens avec le pouvoir en place, quelle que soit sa couleur. Il connaît ainsi la plupart des ministres du gouvernement, apprécie Edouard Balladur et Jacques Delors, et a ses entrées à l'Elysée. Mieux: il encourage ses collaborateurs à faire de même! A leur niveau. Depuis plus de dix ans, sa fidèle assistante, Anne Dimillo, organise un «déjeuner des secrétaires». Ces agapes réunissent, une fois l'an environ, une douzaine de collaboratrices des principaux interlocuteurs de l'homme d'affaires dans l'un des sanctuaires de la gastronomie, tantôt bruxellois, tantôt parisien. Côté Seine, ces dames se retrouvent chez Jamin, Taillevent ou encore à L'Ambroisie. C'est Albert, bien sûr, qui régale!

3.4 - Lire ses dossiers tout en pédalant L'establishment ne lui en tient pas rigueur. Il fallait voir, le 26 octobre 2000, à 18 heures, le Tout-Paris des affaires se presser au Quai d'Orsay. Ce soir-là, le ministre, Hubert Védrine, remettait à Albert Frère les insignes de grand officier de la Légion d'honneur. Parmi les convives: Bernard Arnault, mais aussi Gérard Mestrallet, Jean-Marie Messier, Serge Dassault, Thierry Desmarest... «Tout le CAC 40 était présent, résume l'un des invités, et même quelques grands chefs cuisiniers!» Sans être dupes, les patrons apprécient Albert, ses facéties, sa chaleur humaine. «C'est un être extrêmement attachant, n'hésite pas à confier un banquier, et toujours très attentionné.» Ici, une phrase aimable; là, un petit mot. Et puis les innombrables - et interminables - coups de fil! Une heure chacun environ. A «l'ami Paul» (tous les jours, où qu'il soit), à Bernard Arnault (le dimanche, avant son jogging de 10 h 30), à Gérard Mestrallet (le samedi à 8 heures), à Maurice Lippens - patron du groupe financier Fortis (le samedi aussi)... Il connaît leurs numéros par coeur. Y compris celui à 14 chiffres de la propriété de Desmarais en Floride!

Ces conversations rituelles ponctuent de longues journées de travail. Invité à dîner, Frère le lève-tôt s'éclipse toujours vers 23 heures. «Que voulez-vous, dit-il, je ne puis chanter matines et célébrer la messe de minuit!» Debout à 6 heures, il se livre à une séance de culture physique, tout en écoutant les informations à la radio. Avenue Foch, il profite du vélo d'appartement que lui a offert François Pinault. Son chauffeur, Manuel, à son service depuis sept ans, lui a monté un petit chevalet sur le guidon, qui lui permet de lire ses dossiers tout en pédalant! Petit déjeuner (frugal) puis départ pour le bureau, s'il séjourne, bien sûr, à Gerpinnes. «Sinon, le téléphone se porte à ébullition (sic).» Pour le reste, «mes assistantes s'efforcent de me concocter un agenda serré et précis: j'aime bien l'ordre et pouvoir programmer». Et le patron s'y tient! Victime d'un grave accident de chasse dans les bois de Chimay, à l'automne 1988 - Tartarin s'était fait charger par un sanglier! - cet hyperactif a maintenu le lendemain son déjeuner avec Jean Peyrelevade, fraîchement nommé à la tête de l'UAP, dans son appartement de la rue De Crayer, à Bruxelles.

Mais qu'est-ce qui peut bien encore le faire courir? L'appât du gain? Il a déjà tout. Ses propriétés sont de vrais musées. On y croise Dali, Renoir, Chagall, les Italiens et les Flamands, sans oublier les compatriotes, René Magritte et Paul Delvaux. Les honneurs? L'homme y reste sensible, «surtout lorsqu'ils lui permettent d'en remontrer aux gens qui la ramènent avec leurs titres ou leurs diplômes», s'amuse un proche. Mais, avec l'âge, la soif de reconnaissance s'estompe... A la question Albert Frère répond: «Un certain épicurisme. Cette morale a pour but le bonheur de l'homme, qu'elle cherche à atteindre par un usage raisonnable et calculé des plaisirs, recommandant ceux qui sont naturels et nécessaires, admettant ceux qui sont naturels mais non nécessaires et fuyant ceux qui ne sont ni naturels ni nécessaires...»

Maintenant, il s'agite sur son fauteuil. Frère l'impatient refait surface. Il est bientôt midi. C'est l'heure du cinquième rendez-vous de notre hôte. Après quoi, il filera chez Apicius déjeuner avec des amis du Club des Cent, membres de l'Académie de la truffe. La mine réjouie, un peu plus tôt, il avait glissé: «Je vais me taper la cloche.»

Bruno Abescat pour https://www.lexpress.fr/informations/l-infatigable-homme-d-actions_642832.html Albert Frère: le fils du marchand de clous (Fayard).

4 - Albert Frère est décédé : le «parrain» belge du CAC 40 n'a plus cours

4.1 - Le milliardaire, Albert Frère, est décédé âgé de 92 ans Albert Frère, président d’honneur du Groupe Bruxelles Lambert (GBL), est décédé lundi à l’âge de 92 ans, a annoncé le Groupe dans un communiqué.

«Pendant plus de trois décennies, sous son impulsion, GBL est devenue une des plus grandes holdings d’Europe. Ses qualités professionnelles et humaines ont profondément marqué notre groupe», a commenté GBL.

Les funérailles d’Albert Frère se dérouleront «dans la plus stricte intimité familiale, selon les souhaits du défunt».

Le Soir.be

4.2 - Albert Frère a quitté à tout jamais la scène des marchés financiers. A 92 ans, lui, qui s’était juré de ne jamais s’arrêter de travailler, le voilà désormais condamné à laisser à ses principaux collaborateurs le soin de poursuivre son travail.

"Groupe Bruxelles Lambert (GBL) a la tristesse d'annoncer qu'Albert Frère, Président d'Honneur et actionnaire de contrôle conjoint de la société, s'est éteint ce jour à l'âge de 92 ans", annonce ce lundi matin GBL.

Albert Frère faisait partie de cette trempe de gestionnaires autodidactes et capables de transformer, sans baguettes magiques, une acquisition en affaire en "or". L’opération qui marquera pour longtemps encore les esprits est celle qui concerne la cession de 30% de RTL Group contre 25,1% du capital de l’Allemand Bertelsmann. Cette transaction avait permis de faire entrer dans les caisses de GBL une plantureuse plus-value de 2,378 milliards d’euros en 2006, en 5 ans à peine ! "Le meilleur deal que je n’ai jamais connu à ce jour", s’était d’ailleurs exclamé quelque temps plus tard l’Américain Henry Kravis, cofondateur du célèbre fonds d’investissement KKR en 1976, et que Frère avait rencontré quelques années plus tôt.

4.2.1 - Des petits clous à GBL Marchand de clous à l’âge de 21 ans dans sa région natale de Charleroi pour les Etablissements familiaux Frère-Bourgeois, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Albert Frère était parvenu en un demi-siècle à faire évoluer les affaires commerciales de la famille en un véritable empire financier. La valeur de GBL, l’entité de la sphère Frère-Bourgeois cotée en Bourse, est actuellement valorisée à 15 milliards d’euros. Ce holding fait partie Bel 20, et cela depuis la création de l’indice au début des années 1990.

La chance de Frère, ou plutôt son flair, lui avait indiqué de céder à l’Etat belge, en 1983, les intérêts que les membres de sa famille détenaient dans la sidérurgie. Juste avant que le secteur de l’acier ne plonge dans sa pire crise de ces dernières décennies. Cette opération lui a permis ainsi de disposer à l’époque d’une cagnotte enviable de 27,8 millions d’euros. Un trésor de guerre qui lui a ouvert les portes de la haute finance.

Sa rencontre, peu de temps auparavant, avec le Baron Léon Lambert avait été déterminante pour la suite de sa carrière. A la recherche d’un investisseur qui accepterait de recapitaliser GBL, endetté à l’époque à hauteur de 500 millions d’euros, Léon Lambert avait suggéré à Albert Frère de monter à bord du holding. En échange d’une participation de 35% et du contrôle de la direction de la gestion des affaires –Frère ne pouvait pas faire autrement que de jouer au chef d’orchestre-, les membres de la famille Frère ont accepté de débourser 64,5 millions d’euros. C’était en février 1982.

La famille Frère était montée à bord de GBL en compagnie du richissime Canadien Paul Desmarais Sr (Power Corp) qui cherchait justement à investir en Europe, et avec qui Albert Frère avait monté l’opération " l’Arche de Noé " en 1981. Cette opération mise au point lors de la vague de nationalisation de pans entiers de l’économie française décidée par François Mitterrand, visait à sortir la filiale suisse du groupe bancaire français Paribas du périmètre de sa maison-mère française en 1981. En vain toutefois. Elle s’était conclue sur un échec. Les deux complices ne se sont pas pour autant séparés. Ils ont poursuivi leur collaboration via le holding suisse Pargesa, auquel ils amarreront GBL.

4.2.2 - L’ère GBL Une fois installé à la direction de GBL, Albert Frère ne s’est pas empressé de bouleverser la composition du portefeuille de GBL, même si des participations ont été réduites dans le but de réduire le niveau d’endettement du holding. A l’époque, GBL détenait déjà des participations dans PetroFina, la Banque Bruxelles Lambert (BBL) et l’assureur Royale Belge.

Il a fallu attendre les années 1990 pour assister à une large recomposition du portefeuille. Encore sous le coup de la déroute, en 1988, de Drexel-Burnham Lambert aux États-Unis dans la foulée de la chute du roi du "Junk Bond" de l’époque, Michaël Milken, Albert Frère a commencé par céder ses participations dans les institutions financières. La compagnie d’assurance Royale Belge a été vendue à l’assureur français UAP, repris à son tour quelque temps plus tard par un autre assureur français AXA. La banque BBL a pour sa part été cédée au Néerlandais ING. Toutes ces opérations ont eu lieu à la fin des années 1990.

En 1990, 36% du portefeuille de GBL était constitué de sociétés actives dans les services financiers. C’était trop pour quelqu’un qui, comme Albert Frère, trouvait que ces activités étaient difficiles à contrôler. Il leur préférait nettement des participations dans des entreprises industrielles, en particulier celles actives dans l’énergie, comme Tractebel et Petrofina et dont il détenait un cinquième de leur capital.

4.2.3 - Vision paneuropéenne Frère avait pressenti le mouvement de concentration qui allait déferler sur l’Europe, notamment dans le domaine financier, et qui a remis en question les schémas traditionnels du secteur. "Il était donc particulièrement important de prendre les devants, et de se préoccuper de la transition de nos filiales vers des ensembles plus larges et plus puissants", avait-il déclaré dans une interview à L’Echo, en mai 1998. Une philosophie qui s’est étendue à d’autres participations, comme celles détenues dans Tractebel et Petrofina.

Cette façon de voir les choses a en quelque sorte donné naissance à une des techniques d’investissement privilégiées de Frère:

prendre une part importante dans une société moyenne en Belgique, la troquer pour une plus petite dans une grande société étrangère tout en participant à la gestion de celle-ci. Les exemples les plus éloquents ont été la cession de 25% de Petrofina contre près de 8% de Total, ou celle de 25% de Tractebel contre 9,5% de Suez.

En 1999, les participations détenues dans les groupes français Suez, Total Fina, Imétal (devenu entretemps Imérys) et luxembourgeois CLT – UFA (RTL), constituaient 96% du portefeuille de GBL.

Là ne se sont pas achevées les opérations capitalistiques chez GBL. Parmi les plus importantes réalisées par la suite, on retiendra celle d’Electrafina qui avait absorbé GBL, pour se renommer en GBL. C’était en 2001. Un peu plus tard, c’était au tour de la participation dans la CLT – UFA de faire l’objet d’un échange contre 25,1% du capital de l’Allemand Bertelsmann. Et une fois cette participation recédée à Bertelsmann en 2006, GBL s’était lancé dans l’acquisition de 21,05% du capital du cimentier français Lafarge, et de 8,69% de celui du fabricant de boissons alcoolisées Pernod Ricard.

4.2.4 - "Je ne grimpe pas par la fenêtre" Les relations conviviales et les amitiés qu’Albert Frère entretenait avec un certain nombre d’hommes politiques (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy,...) et de dirigeants d’entreprises comme Paul Desmarais, Gérard Mestrallet et Bernard Arnault, l’ont aidé à tisser sa toile dans les affaires. C’est Félix Rohaty, ambassadeur des États-Unis en France de 1997 à 2000, qui disait de lui qu’ "Albert Frère était toujours écouté, sans pour autant parler de trop".

Une qualité qui devait à coup sûr rassurer à la fois les managements des sociétés dans lesquelles il prenait une participation. L’homme de Gerpinnes qui, rappelons-le au passage, avait été fait baron par le roi Albert II en 1994, n’avait pas l’habitude de s’imposer envers et contre tout, mais cherchait plutôt à être accepté, voire coopérer. "Je ne grimpe pas par la fenêtre", se plaisait-il à dire pour résumer sa manière d’investir. "L’essentiel, c’est que nous soyons acceptés par le management". "Nous allons là où nous pouvons tenir un rôle d’accompagnement du management à réaliser une certaine stratégie", expliquait en 2007, Thierry de Rudder, celui qui était considéré comme le bras droit d’Albert Frère chez GBL. De Rudder était administrateur délégué jusque fin 2011, au même titre que Gérald Frère, son fils et en même temps beau-frère de de Rudder. Gérald Frère est depuis 2012 président du Conseil d’administration de GBL.

Pour le reste, Albert Frère a construit sa fortune en faisant preuve de patience. Sa politique était de toujours investir pour le long terme. "Frère n’a jamais été concerné par la performance à court terme des actions des sociétés qu’il contrôle", disait encore Thierry de Rudder.

Albert Frère a vécu sa dernière assemblée générale des actionnaires en tant qu’administrateur délégué le 28 avril 2015. Il a laissé à Gérard Lamarche et à son gendre Ian Gallienne, toujours aux manettes de GBL à ce jour, le soin de poursuivre sa tâche sous l’œil avisé de son fils Gérald président du holding. Au même moment, sa fille Ségolène Gallienne et son petit-fils Cédric prenaient place au conseil d’administration. La relève est assurée.

Marc Collet pour https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/general/albert-frere-est-decede/9969280.html

  1. Génération 1
    1. Albert Pol Oscar Ghislain naquit en 1926 à Fontaine l'Eveque et mort en 2018 à Gerpinnes à l’âge de 92 ans.